[CAAMT] Chapitre 1 : Le procès d'un traître

                                                     Chapitre 1 :  Le « procès » d’un traître

Le lendemain matin

    La pluie avait cessé de tomber dans le courant de la nuit, mais les lourds nuages imposaient encore leur présence, maintenant l’atmosphère lourde et grise. Autour du palais de l’Hokage, une équipe d’ANBU s’était mise en place une bonne heure auparavant. Une réunion exceptionnelle du Conseil du village allait avoir lieu, et il leur revenait d’assurer la protection des Conseillers et de l’Hokage, et ce même au sein du village. On ne savait jamais… Une deuxième équipe se tenait prête, dans le bâtiment de détention temporaire située près du palais. Elle avait pour mission de surveiller le prisonnier, et de l’escorter jusqu’à la salle d’audience le moment venu. Les honorables membres du Conseil avaient déjà commencé à prendre place derrière l’immense table/bureau qui leur était réservée, échangeant quelques paroles concernant pour la plupart la séance qui allait commencer.  Finalement, les portes de la salle s’ouvrirent pour laisser entrer la Godaime Hokage, Tsunade, suivie par ses deux anciennes élèves, Shizune et Sakura.
L’Hokage salua les Conseillers de la manière la plus respectueuse qu’il lui était possible, sachant tout l’amour qu’elle leur portait, la plupart de temps. A leur tour, les membres du Conseil saluèrent leur Hokage, certains plus sincèrement que d’autres, interrompant momentanément leurs conversations. L’hypocrisie était toujours de mise, en politique

- Mesdames et messieurs les Conseillers, je vois que vous êtes déjà tous présents, fit Tsunade. Vous êtes même en avance, malgré la hâte avec laquelle cette réunion a du être préparée.

- Cette affaire est de haute importance, Hokage-sama, répondit l’un des Conseillers.

Cela suffisait à expliquer leur présence. Plus aucun mot ne fut échangé entre le Conseil et l’Hokage, qui alla prendre place au siège laissé vide, au centre de la table, tandis que Sakura et Shizune se positionnaient près de la porte, légèrement sur le côté, faisant face au Conseil. Sakura tentait de dissimuler son impatience. Ses yeux ne cessaient de se poser sur les portes, comme si elle attendait qu’elles s’ouvrent. Elle observait aussi le reste de la pièce, guettant l’arrivée de son ex-sensei et de son ex-coéquipier. La jeune femme portait toujours le même style de vêtements depuis qu’elle était passée chuunin, sa jupe short actuelle étant juste un peu plus longue qu’auparavant. Elle portait désormais une longue veste blanche qui rappelait son statu de médic-nin. Ses cheveux avaient poussé, même si elle les gardait au niveau des épaules, et son bandeau frontal avait conservé la même place qu’auparavant. 

Finalement, Tsunade se racla la gorge, et le silence se fit dans la salle.

- Nous allons commencer la séance, annonça la Godaime.

Sakura regarda à nouveau autour d’elle.

- Encore en retard, marmonna-t-elle.

- Qui ça? demanda doucement une voix à sa droite.

La jeune femme ne sursauta même pas, habituée depuis le temps aux brusques apparitions de Kakashi. Et Naruto avait fini par prendre cette habitude, lui aussi.

- Kakashi-sensei, vous exagérez, soupira Sakura. Vous auriez pu arriver plus tôt !!

- Je suis là, non ? Et puis, cela n’a même pas encore commencé.

Sakura préféra ne rien ajouter. Il était là, c’était effectivement l’essentiel, et elle perdrait son temps en argumentant. Le regard de la jeune femme se posa à nouveau sur la porte.

- Nerveuse ? Demanda à voix basse Kakashi.

- Sensei, redites ça encore une fois et je vous encastre dans le mur, répondit aimablement Sakura.

Une goutte fit son apparition à l’arrière du crâne du ninja copieur qui préféra se taire, sachant la jeune femme parfaitement capable de mettre sa menace à exécution. Puis ils se turent et se concentrèrent sur ce qu’il se passait.

- Tous ici nous connaissons l’ordre du jour et la raison de cette réunion précipitée, je pense donc qu’il est inutile de perdre plus de temps, déclara Tsunade.  Qu’on fasse entrer le prisonnier.

L’ANBU qui se tenait prêt de la porte s’inclina puis disparut. Quelques instants plus tard, les portes s’ouvrirent pour laisser entrer quatre ANBU escortant le prisonnier en question, les poings liés et les yeux bandés. Les deux ANBU de derrière le guidaient d’une main posée sur chacune de ses épaules. Le groupe s’avança jusqu’au centre de la salle, puis s’immobilisa. Tous les regards étaient rivés sur le prisonnier. A son entrée, les mains de Sakura s’étaient légèrement crispées et Kakashi avait retrouvé son sérieux, arborant une expression impénétrable. Finalement, l’ANBU de tête se tourna vers le prisonnier et lui ôta le bandeau qui le privait de la vue. Ses yeux s’ouvrirent et son regard de geai se posa sur les membres du Conseil devant lui, après avoir fait le tour de la salle, comme pour repérer les lieux. Pendant ce temps, les ANBU avaient repris la position « d’encadrement », c’est-à-dire deux derrière et deux à côté, afin de ne pas se trouver entre le prisonnier et le Conseil, tout en étant assez près pour agir au moindre mouvement suspect.

- Je dois avouer que ta présence en ces lieux était bien hier encore l’une des dernières choses auxquelles je m’attendais, commença Tsunade. Mais la vie est pleine de surprises, après tout. En d’autres circonstances, je t’aurai volontiers souhaité un bon retour parmi nous, mais les choses étant ce qu’elles sont, je pense que tu ne m’en voudras pas de m’abstenir… Je me trompe, Uchiwa Sasuke?

L’ironie s’était faite perceptible, dans sa dernière phrase. Sasuke ne répondit pas, ne cillant même pas, aussi impassible qu’à son ordinaire. Il n’avait pas vraiment changé, depuis la dernière fois que Sakura l’avait vu, plusieurs années auparavant.  Il avait juste encore un peu grandi et son visage avait perdu ses dernières traces enfantines. C’était bel et bien un jeune homme qui se tenait devant eux. Il n’avait pas vraiment changé de style vestimentaire, malgré les années et le fait qu’il n’était plus sous les ordres d’Orochimaru depuis bien longtemps. A croire que cela lui plaisait, de se balader ainsi, à moitié dénudé, la plupart du temps. Ce qui ne devait pas déplaire à la gente féminine, d’ailleurs… Il avait juste opté pour des vêtements de couleur noire, remplaçant les blancs et mauves d’Oto. Il avait aussi conservé la même coupe de cheveux, refusant visiblement de se les laisser pousser, pour une raison qui pouvait paraître évidente pour certains. Sakura remarqua aussi qu'une certaine... lassitude? semblait émaner de son être entier. Rien à voir avec le comportement hautain, méprisant et haineux qu'elle lui avait vu lors de leurs dernières rares rencontres. Mais cela restait néanmoins discret et seuls ceux qui l'avaient bien connu devaient être capables de percevoir ce changement.


Avant de poursuivre, Tsunade laissa son regard parcourir la salle, et s’attarda plus particulièrement sur le groupe d’ANBU. Elle fronça ensuite légèrement les sourcils. Elle posa son regard sur l’ANBU de tête qui, comprenant le message, disparut pour réapparaître derrière Tsunade, légèrement penché vers elle pour pouvoir parler et l’entendre sans partager leur échange avec les Conseillers.

- Hokage-sama?

- Où est Naruto ? demanda la Godaime à voix basse. Je pensais qu’il superviserait lui-même le transfert, ou qu’au moins il assisterait à la réunion, puisqu’il y a été convié…

- Il se repose chez moi, Hokage-sama, répondit doucement Tsura (1), alias Sai. Sa nuit a été courte et difficile.

En effet, une fois calmé, Sai avait forcé son ami à passer la nuit chez lui. Le blond ne se sentait pas de rentrer à son propre domicile tout de suite. Et une fois arrivé, Naruto s’était affalé sur le canapé, fixant le vide pendant un très long moment, plusieurs heures même, avant d’attraper une bouteille de saké que Sai avait oublié de faire disparaître. En règle générale, Naruto ne buvait pas. Mais cette nuit là, c’était différent. Finalement, le blond ne s’était endormi que quelques heures avant l’aube. Tsunade devina sans peine tout ce que Sai lui avait tu. Mais c’était prévisible. Elle se résigna donc à faire la réunion sans lui, songeant tout de même que Sai allait passer un sale quart d’heure quand le blond se réveillerait. Car effectivement, l’ANBU avait débranché le réveil avant de partir, préférant laisser dormir son ami.

Au moment où Tsunade allait reprendre la parole, une nouvelle présence se fit sentit, au même moment ou une voix s’élevait.

- Pardonnez mon retard.

Quand on parlait du renard… Naruto se tenait à présent aux côtés de Sakura. Personne ne fut surpris outre mesure de son apparition soudaine. C’était devenu une habitude chez lui.

- Que cela ne se reproduise plus, répondit sèchement Tsunade, contrainte par la situation.

- Vous avez ma parole.

Tandis que Tsura regagnait sa place, accompagné d’un rapide mais non moins présent regard noir du blond, Tsunade observa ce dernier. Il était habillé en « civil », contrairement à ce qu’on aurait pu attendre. Son bandeau frontal pendait autour de son cou et ses cheveux retombaient librement autour de son visage et un peu devant ses yeux, mais attachés tout de même en une petite queue basse. Ses vêtements « civils » étaient… non moins voyants que son ancienne tenue orange et noire, même s’il y avait eu du changement et de l’amélioration niveau style. Mais aujourd'hui comme hier, Naruto ne passait pas inaperçu. Il portait à présent un ensemble noir, assez moulant pour la partie supérieure tant du pantalon que du haut, tandis que les extrémités s’évasaient légèrement. Il portait ce jour là un haut à manches longues, bien qu’il possède le même modèle à manches courtes. Si cela s’était arrêté là, cela n’aurait rien eu de tape à l’œil. Mais l’ex-ninja le plus turbulent du village n’avait pas totalement renoncé à son orange adoré. En effet, son ancienne couleur fétiche était toujours présente dans les 9 langues de flammes représentées esthétiquement, qui naissaient d’un point légèrement au dessus des fesses du blond, puis qui traversaient l’ensemble de sa tenue, certaines s’enroulant autour de chacun de ses membres, d’autres « ondulant » le long de son torse ou de son dos, le tout donnant un ensemble très artistique. Et lorsque Naruto bougeait ou lorsque le vent agitait légèrement le bas de ses vêtements, on aurait pu penser que les flammes bougeaient réellement.  Neuf langues de feu pour les neuf queues de Kyubi, bien évidemment. Même s’il s’était assagi avec le temps et les circonstances, Naruto n’avait pas pour autant renoncé à son sens de la provocation.

    Le regard de Tsunade se posa ensuite sur son visage. Totalement impassible, ne laissant transparaître aucune trace de fatigue, de gueule de bois ou de tristesse. Rien. L’Hokage se demanda s’il parviendrait à maintenir cet exceptionnel contrôle sur ses nerfs et ses sentiments très longtemps… Mais Tsunade se reprit, reportant son attention sur Sasuke.

- Nous pouvons donc revenir à notre sujet, fit-elle. Uchiwa Sasuke, cela fait près de 12 ans à présent que tu as déserté le village pour rejoindre Orochimaru. Tu peux te vanter d’être un des déserteurs qui nous aura échappé le plus longtemps. Mais tu es là, à présent. Tu n’es pas sans savoir quelle est la peine réservée aux déserteurs, je me trompe?

- La peine de mort, daigna finalement répondre calmement Sasuke, parlant pour la première fois.

- Je constate avec plaisir que tu n’as rien perdu de ta lucidité, commenta Tsunade. Toutefois, nous ne sommes pas un village de barbares. Nous allons donc te laisser l’occasion de te défendre, de plaider ta cause. Sois convainquant, cela pourrait peut être te sauver la vie.

Le silence retomba dans la salle, tous ses occupants attendant à présent que l’héritier du sharingan prenne la parole. Intérieurement, Sakura croisa les doigts. Malgré tout ce qui s’était passé, tout le temps écoulé, il comptait encore beaucoup pour elle, même si elle n’était plus la groupie collante qu’elle était à 12 ans. Elle ne voulait pas qu’il meure. Elle espérait donc qu’il parviendrait à convaincre le Conseil de lui laisser la vie sauve.

- Tout le monde ici connaît les raisons de mon départ, je présume, dit Sasuke. Je n’ai donc rien de plus à ajouter. 

Nouveau silence. Plus lourd celui là. C’était bien la première fois qu’un condamné à mort ne cherchait pas à plaider sa cause par de longs discours !

- Ce n’est pas ça qui sauvera ta peau, Uchiwa Sasuke, tu en es conscient ? demanda Tsunade. Dit comme cela, on pourrait croire que ton sort t’est égal.

- J’ai accompli ce qui devait l’être, répondit Sasuke. Le reste n’a pas d’importance.

Nouveau silence. Les Conseillers se consultèrent du regard. Sakura serra les poings et Kakashi fronça légèrement les sourcils, enfin, le seul sourcil visible. A agir ainsi, Sasuke se condamnait.

- Puisque ton sort semble t’être égal…commença Tsunade.

- Un instant, je vous prie.

Une personne avait interrompu l’Hokage. Et pas n’importe qui. Une seule personne avait assez de cran, voir même était assez suicidaire pour faire une telle chose, surtout durant une réunion officielle et importante. Naruto s’avança, s’immobilisant à hauteur de Sasuke qui faisait toujours face au Conseil. Tous les regards s’étaient tournés vers lui. Tsunade fut agacée de cette interruption, mais non pas étonnée. Il aurait été plus surprenant que le blond gardât le silence. Les sentiments des Conseillers étaient mitigés. Kakashi ne laissa rien transparaître et Sakura adressa un discret regard d’espoir à son ancien coéquipier. Tsura, derrière les fentes de son masque, observait son ami, attendant de voir comment il allait mener son jeu.

- Depuis le moment de son appréhension et de son retour au village, et ce jusqu’à l’instant où sa peine sera exécutée, le prisonnier Uchiwa Sasuke est sous ma responsabilité, continua Naruto, d’une voix calme et assurée, sans être provocante. Ayant constaté que sa loquacité est toujours aussi impressionnante, je demande au Conseil la permission de prendre la parole à sa place.

Nouvel échange de regards entre les Conseillers, mais l’un d'eux avait déjà pris la parole.

- Je vois que tu as toujours autant à cœur de protéger les Uchiwa, Uzumaki, fit-il d’une voix cinglante.

Le regard du blond se durcit l’espace d’un instant, avant de retrouver son impassibilité.

- En raison du respect que je dois au Conseil, je ne répondrai pas à cette remarque, répondit-il calmement.

- Et nous t’en sommes reconnaissants, enchaîna Tsunade.

Après tout, il était préférable pour tous que le blond conserve son calme le plus longtemps possible.

- Soit, ta prise de parole remplacera la sienne, accorda Tsunade. Parle.

Naruto s’avança encore un peu, avant de reprendre la parole.

- Mesdames et Messieurs les membres du Conseil, j’aimerais que vous preniez le temps de bien étudier la situation et de réfléchir, avant de prendre une décision hâtive. Une décision précipitée assortie à la précipitation qui a entourée l’organisation de cette réunion pourrait se révéler par la suite une grave erreur. Après tout, il ne s’agit pas d’un déserteur ordinaire…

- Qu’il est touchant de voir à quel point tu te hâtes de prendre la défense de ton ancien coéquipier que tu as cherché pendant tant d’années, le coupa sarcastiquement une femme du Conseil.

Sakura réfréna des envies de carnages devant les mots, le ton et le tutoiement insultant. Mais Naruto ne se laissa pas déstabilisé et enchaîna immédiatement. 

- Je vous remercie du fond du cœur, madame la Conseillère, d’avoir rafraîchi ma mémoire défaillante, fit-il avec un ton qui se voulait empli de gratitude, mais qui dégoulinait en même temps d’une ironie peu dissimulée, le tout accompagné du sourire qui allait avec. Il est vrai qu’il y a de cela près de 12 ans, je faisais parti de l’équipe 7, originellement composé aussi d’Haruno Sakura et d’Uchiwa Sasuke, équipe placée sous la direction d’Hatake Kakashi, tous trois ici présents. Je ne nie rien de ce qui a été dit. Mais ce n’est pas uniquement en tant qu’ancien coéquipier que je m’adresse à vous maintenant. Car si je puis me permettre, à chacune de nos rares rencontres, ces neuf dernières années, nous nous sommes affrontés dans des combats qui auraient pu connaître une issue mortelle. Aussi le souvenir d’une ancienne camaraderie a ses limites…

Son expression était redevenue sérieuse, tandis qu’il dévisageait chaque membre du Conseil, attendant de voir s’ils allaient trouver quelque chose à objecter. Rien ne venant, il continua.

- Avant de vous exposer les raisons finales qui me font prendre la parole en faveur du prisonnier, je voudrais revenir en arrière et revoir avec vous les faits, et ce sans précipitation. Je ne reviendrai pas sur la raison qui a motivé le départ d’Uchiwa Sasuke il y a 12 ans, tout le monde ici la connaît. Je ne nie bien sûr pas le fait qu’il ait quitté Konoha pour rejoindre le traître Orochimaru. Et juste au cas où, je précise que tout le monde ici devrait aussi savoir que j’ai toujours désapprouvé ce choix…

Un nouveau silence, mais aucune protestation. Naruto les avait anticipées. Le blond parlait sans jamais regarder Sasuke. Ce dernier n’accordait que de rares regards au blond placé un peu devant lui, légèrement intrigué malgré lui par le nouveau comportement de son ancien coéquipier, si différent de tout ce qu’il lui avait connu. Il semblait bien que les années avaient réussi à le changer et à lui mettre du plomb dans la cervelle, finalement.

- A présent, je vais aborder les années qui ont suivi sa désertion, reprit Naruto. Durant les deux ans et demi qu’Uchiwa Sasuke a passés auprès d’Orochimaru, nous n’avons reçu aucune rumeur sur un quelconque massacre perpétré par Oto avec sa participation. Un témoignage sûr malgré sa source nous a permis d’établir qu’à aucun moment Uchiwa Sasuke n’a participé à la moindre mission contre Konoha ou ayant pour but d’attenter à la vie d’autrui ou à la sécurité d’un autre village. Ainsi, durant ces années, aucun crime ne peut lui être amputé en plus de sa désertion. Considérons à présent ce qu’il s’est passé ensuite. Orochimaru était un ennemi reconnu de Konoha qui avait entre autre déjà provoqué une guerre et causé ainsi la mort du très regretté Sandaïme. Il y a neuf ans, nous avons reçu l’information, confirmée par la suite, selon laquelle Orochimaru aurait été tué. Et ce par le prisonnier ici présent. Je n’aurais pas l’hypocrisie d’affirmer qu’il a agi ainsi pour nous rendre un grand service, ça serait réellement me moquer du monde.

On avait pu discerner une pointe d’ironie, à moins que cela soit de l’humour, dans ses dernières paroles.

- Mais cela ne change rien au résultat, ajouta Naruto. Uchiwa Sasuke nous a débarrassés d’un épineux problème.

Nouveau silence. Tsunade eut du mal à retenir un sourire amusé. Elle avait déjà eu l’occasion d’avoir à faire à la nouvelle éloquence assurée, claire et précise de Naruto. Un discours qui allait à l’essentiel sans pour autant se départir d’une pointe d’humour souvent ironique. Un discours qui parvenait généralement à capter l’attention de son auditoire. Et une fois encore, malgré l’hostilité évidente que lui vouait le Conseil, personne ne l’interrompait. A voir si le blond parviendrait à garder cet avantage.

- Après cela, Uchiwa Sasuke a quitté Oto no Kuni pour ne plus y retourner, continua Naruto. Ce qu’il a fait après avoir quitté Oto, j’ai réussi à le retracer avec plus ou moins d’exactitude grâce à diverses sources.

Tout en parlant, il glissa une main dans sa sacoche à parchemin située à hauteur de ses reins et en sortit un rouleau. Il le déplia, avant de mordre son pouce, de composer quelques signes d’une main, et d’appliquer son pouce sur le parchemin. Il y eut une légère détonation, et lorsque la fumée se dissipa, Naruto tenait dans la main un carnet, assez épais. Il le tendit à Tsunade.

- Voici pour étayer mes propos la copie des informations que j’ai réussi à récolter ces dernières années, annonça-t-il. Ainsi, peu après avoir quitté Oto, Uchiwa Sasuke a constitué une équipe nommée Hébi dont il était le leader. Ce groupe était, enfin, est plutôt, constitué de 2 anciens sujets d’expérimentations d’Orochimaru, Suigetsu de Kiri no Kuni et Juugo, dont le village d’origine n’a pas été découvert, mais l’intérêt de ce personnage est qu’il est le porteur d’origine de la marque maudite. Quant au dernier membre d’Hébi, il agit de Karin, une ancienne scientifique et geôlière au service d’Orochimaru. Ce groupe hétéroclite une fois formé, ils ont arpenté le monde à la recherche d’Akatsuki, laissant derrière eux de nombreuses rumeurs élogieuses. Aucun mort à leur actif, ou du moins aucun innocent. Je me permets aussi de rappeler que si l’Akatsuki n’existe plus aujourd’hui, c’est grâce aux efforts combinés des ninjas de Konoha et d’Hébi. En effet, si nous avons eu Nidan, Kakuzu, Sasori, Zetsu, Konan et Pein, Hébi s’est chargé d’éliminer les autres.

- Tous les autres, vraiment ? Intervint un membre du Conseil. Même celui qui nous a échappé pendant si longtemps, ce dont personne ici n’en ignore la raison ?

Sakura serra les poings, Kakashi fronça légèrement les sourcils, tandis que Tsura faisait de même derrière son masque. En abordant ce sujet sensible, le Conseil cherchait véritablement Naruto afin de le pousser à la faute. En temps normal, le jeune homme ne se ferait pas avoir si facilement. Mais dans la situation actuelle, parviendrait-il à garder son sang froid ? Un éclair passa dans ses yeux. Un éclair de… rage ? de tristesse ? de douleur ? Il avait été trop rapide pour que quiconque l’aurait remarqué ne puisse l’identifier.

- Oui, je peux affirmer aujourd’hui que tous les membres officiels d’Akatsuki sont bel et bien morts, répondit finalement le blond, sur le ton le plus neutre qu’il lui était possible, et ignorant l’attaque finale du Conseiller. Le dernier membre a été tué hier après midi, des mains d’Uchiwa Sasuke ici présent.

- Juste avant la capture de ce dernier, c’est-ce que l’on nous a rapporté en effet, fit le membre du Conseil. Capture dont tu es à l’origine, à ce que l’on a aussi entendu dire. Pour avoir agi si rapidement, il fallait nécessairement que tu te trouves dans les parages, ce qui n’est au fond pas bien surprenant. Non, ce qui l’est davantage, c’est que tu ne sois pas intervenu bien plus tôt, pour empêcher ce combat…

La tension monta d’un cran dans la salle. Le visage de Naruto s’était fermé, mais son regard s’était légèrement assombri. Tous avaient les yeux posés sur lui. Son entourage appréhendait la suite. Sasuke, lui, observait aussi le blond, du coin de l’œil. Sa présence quasi immédiate sur les lieux de l’affrontement l’avait interpellé, mais il n’avait pas eu le temps d’approfondir cette idée, jusqu’à présent. Et les paroles des Conseillers l’intriguaient malgré lui.

- Je ne saisis pas la pertinence de ces remarques dans la situation présente, répondit finalement Naruto, d’une voix basse et contenue.

- Moi non plus, intervint Tsunade, souhaitant éviter que la situation ne dégénère. Si nous pouvions revenir au sujet de cette réunion…

- Une dernière question, fit une Conseillère. Qu’est devenu le cadavre d’Uchiwa Itachi ?

Elle avait bien insisté sur le mot « cadavre », tout en regardant Naruto droit dans les yeux. Derrière son masque, Tsura adressa un regard empli de promesses de souffrances atroces à la vielle femme. Il ne savait que trop ce qu’essayaient de faire les membres du Conseil, qui avaient toujours été hostiles à son ami, à cause de Kyubi.

- Selon la procédure, j’ai moi-même procédé à la destruction du corps afin d’éviter que le sharingan ne tombe dans des mains ennemies, répondit Naruto.

- Vraiment ? Insista la vielle femme. Et nous devons te croire sur parole ? Car je me doute que personne ne peut témoigner t’avoir vu accomplir ce que tu prétends avoir fait, occupés qu’ils étaient tous à escorter Uchiwa Sasuke jusqu’au village.

Les personnes présentes, hormis les membres du Conseil et Sasuke, retinrent leur souffle, les yeux fixés sur Naruto. La tension sembla encore monter d’un cran. Naruto s’était raidi et avait fermé les yeux. Il prit une profonde inspiration, tentant d’ignorer la souffrance qui s’était ravivée dans son cœur meurtri, se concentrant plutôt sur la colère destructrice qu’il sentait monter en lui, sans toutefois la laisser sortir, ce qui aurait des conséquences catastrophiques. Il rouvrit finalement les yeux et tandis qu’il fixait de son regard sanglant la Conseillère, la température sembla chuter de plusieurs degrés.

- Avec tout le respect que je dois au Conseil, je tiens à préciser deux choses, articula lentement le blond d’une voix glaciale. Premièrement, je serais gré au Conseil de ne pas douter de mon travail. Car depuis près de quatre ans que j’occupe ce poste, je ne pense pas avoir donné la moindre raison de faire la moindre critique sur ce que j’ai accompli ou de douter de l’application et du dévouement que j’y ai mis. Et je défie quiconque ici de trouver quelque chose à redire à ce sujet…

Et il les défia effectivement de son regard couleur de sang, les uns après les autres.

- Et deuxièmement, la présente réunion a pour objectif de décider du sort d’Uchiwa Sasuke et rien d’autre. Alors si le Conseil a quelque chose à me dire, qu’il le fasse dans une réunion prévue pour étudier tout spécialement mon cas. En attendant j’aimerai beaucoup que le Conseil ne fasse pas passer ses sentiments personnels, c’est-à-dire sa haine et son mépris, avant ses devoirs.

- Tu es devenu bien arrogant, démon renard, siffla une Conseillère. Je l’avais dit, le jour où tu es entré en fonction que nous le regretterions tous un jour, et que cela conduirait le village à sa perte !

C’en était trop. Surtout que Naruto risquait de craquer pour de bon d’un moment à l’autre et commettre le pire carnage de l’histoire de Konoha à côté duquel l’extermination du clan Uchiwa ressemblerait à une gentille petite sauterie en famille. Sakura et Kakashi vinrent se positionner à la hauteur de Naruto et posèrent une main sur chaque épaule du blond, comme pour le retenir et lui conseiller de garder son calme. Naruto les foudroya du regard mais ils ne cillèrent pas. L’enjeu était bien trop important. Appréciant peu la tournure qu’avaient prises les choses, Tsunade ouvrit la bouche pour intervenir mais fut devancée par une autre personne qui s’était avancée, venant se placer près de Naruto. C’était au tour de Tsura de faire face au Conseil, ne pouvant plus garder le silence plus longtemps.

- Malgré tout le respect que je dois au Conseil, je ne peux garder le silence devant l’évidente mauvaise foi dont font preuve les membres du Conseil ici présents, fit-il de sa voix posée, mais qui dissimulait cependant une once de colère. Consultez donc les fiches de service, les dossiers et les rapports de missions, sans oublier les statistiques. Depuis qu’Uzumaki-taisho est à son poste, le taux de réussite de nos missions a augmenté, tandis que celui de pertes a nettement diminué. Chacun de nos hommes vous le dira, nous sommes tous fiers de servir sous ses ordres.

- Comment osez-vous… commença un Conseiller.

- CA SUFFIT !!!! Intervint Tsunade. Où diable vous croyez vous, tous autant que vous êtes ?? Sur la place publique ?? Non, vous vous trouvez actuellement dans la salle de réunion du Conseil de Konoha !!! Ce genre de comportement fait honte à vos fonctions à tous !!!!

Et l’Hokage foudroya du regard tous les belligérants. Les Conseillers, qui s’étaient levés pour la plupart, d’indignation et de colère, finirent par se rasseoir. Kakashi et Sakura relâchèrent Naruto et regagnèrent leur place. Tsura revint se placer près de Sasuke, à sa place de gardien. Intérieurement, Tsunade ne put s’empêcher d’estimer énormément l‘ANBU, en cet instant. Naruto avait bien de la chance d’avoir un second et ami aussi fidèle, prêt à s’opposer au Conseil pour lui. Mais ce n’était pas vraiment étonnant, quand on connaissait les liens qui les unissaient, tous les deux.
Sasuke, lui, observait toute cette agitation puis le retour au calme avec indifférence, ou du moins c’était ce qu’il laissait paraître.
Naruto quant à lui ferma à nouveau les yeux et prit une nouvelle profonde inspiration. Quand il rouvrit les yeux, ils avaient retrouvé leur couleur d’origine, et la tension dans la pièce était moins lourde et palpable.

- Bien, fit Tsunade voyant que tout le monde s’était calmé. Allons nous pouvoir continuer et terminer cette séance dans le calme ou dois-je la suspendre sur le champ?

Seul le silence lui répondit. Prenant ça comme une volonté de retour au calme et à la réunion, l’Hokage se tourna vers Naruto.

- As-tu terminé ?

- Le contenu du dossier que je vous ai donné complètera mes propos, répondit le blond, ayant retrouvé son ton et son calme professionnel. Il ne me reste plus qu’à conclure sur un dernier point. Le Conseil m’a demandé pour quelle raison je prenais aujourd’hui la défense d’Uchiwa Sasuke. Je vais y répondre. Et je mettrai de côté la raison selon laquelle ce serait par amitié ou ancienne camaraderie. Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas l’unique et plus importante raison. Puisque je parle ici de manière professionnelle. C’est de ce point de vue là que j’aborde la chose. Le village est en paix depuis des années, mais personne ici n’ignore, à moins que nos rapports de ces dernières années n’aient pas revêtu assez d’importance à vos yeux pour que vous daigniez les lire, que ce calme n’est peut être que l’accalmie avant la tempête. Je n’en dirais pas plus en ce lieu pour le moment. Nous risquons donc bientôt d’avoir besoin de toutes les forces disponibles. Si vous voulez, je mettrais ce point à part, même si je l’ai évoqué. Voyons à présent l’aspect général de l’affaire. Le prisonnier est un Uchiwa, héritier d’une des familles qui ont fait jadis la puissance et la fierté de Konoha. Son sang, et aussi et surtout son don héréditaire, le sharingan, sont de précieux atouts pour Konoha, car je ne pense pas affirmer dans le vide que l’idée de faire revivre le clan Uchiwa vous a déjà souvent traversé l’esprit. Et malgré ça, vous voudriez faire exécuter Uchiwa Sasuke ? Pourtant, qui mieux que lui peut vous aider à réaliser ce projet ? Vous voulez redonner à notre village sa grandeur et sa puissance d’antan ? Pour rétablir l’un des clans les plus puissants du village, vous aurez besoin d’Uchiwa Sasuke, vous ne pensez pas?

Il se tût un moment, s’assurant que ses paroles pénétraient bien l’esprit des personne présentes, et retenant la colère contenue et l'amertume provoquée par une de ses affirmations. Pour lui qui connaissait la vérité, faire comme s'il ne savait pas était toujours difficile.

- Bien sûr, je n’oublie pas son crime, et je ne demande pas la levée de toute punition, bien au contraire, reprit-il. Je souhaite juste que le Conseil prenne le temps de la réflexion et examine bien tous les éléments qui entrent en jeu ici, afin de prendre au final la décision qui s’imposera comme la plus juste, ou du moins la plus profitable pour notre village.

Puis, ayant terminé, il recula, revenant se positionner à sa place initiale, près de la porte, sans jamais tourner le dos au Conseil.

- Je pense donc que le Conseil a en sa possession tous les éléments nécessaires pour prendre une décision, déclara Tsunade. De nouvelles pièces ayant été apportées au dossier, le Conseil les étudiera et en tiendra compte pour prendre sa décision finale. En attendant cette décision, le prisonnier Uchiwa Sasuke est maintenu sous ton autorité, Naruto. Tu connais la procédure pour ce genre de cas, aussi mets-la en application sans plus tarder. Bien, la séance est levée.

Les ninjas présent se mirent au « garde à vous » pour saluer l’Hokage et s’apprêtèrent à partir.

- Uzumaki Naruto, reste un moment, je te prie, demanda ou plutôt ordonna un membre du Conseil.

Sakura et Kakashi échangèrent un bref regard. Ce n’était pas bon signe. Mais ils ne pouvaient rien y faire. Naruto avait l’habitude de faire avec le Conseil sur le dos. Il saurait comment s’en sortir.

Les ANBU reprirent position autour de Sasuke, Tsura en tête, et ils quittèrent la salle, suivis de Kakashi, Sakura et Shizune.

- Je vous rejoindrai avant l’arrivée de Morino-san, annonça Sakura à Tsura. Pour procéder à l’examen médical.

L’ANBU acquiesça d’un signe de tête. Après tout, c’était le règlement, et Sakura était un médic-nin d’élite rattachée aux services secrets. Elle était donc la mieux placée pour cela. Et puis, cela aurait été étonnant qu’elle ne désire pas s’occuper de l’examen médical de Sasuke. Tsura se tourna vers ce dernier.

- Cette fois, nous ne te banderons pas les yeux. Mais sache qu’au moindre écart, au moindre signe d’une utilisation du sharingan, nous n’hésiterons pas à employer la force pour te conduire à destination sans problèmes. Alors à toi de voir si tu préfères le transfert en douceur ou plus agité…

Sasuke ne répondit que par un demi-sourire moqueur, qui pouvait vouloir dire beaucoup de choses, mais qui manquait un peu de... conviction. Le groupe se remit en route. Les couloirs de l’étage, réservé au Conseil, étaient déserts. Shizune devança les ANBU, pour vérifier que les autres couloirs étaient également vides. Elle allait ouvrir la porte devant eux, quand celle-ci s’ouvrit brutalement, laissant passer deux enfants, qui après avoir évité de justesse de percuter Shizune, continuèrent leur course comme si de rien n’était. Ils furent finalement interceptés par Tsura, qui après avoir légèrement secoué la tête, les avaient attrapés au passage.

- Qu’est-ce que vous faites ici, tous les deux ? demanda-t-il. C’est une zone interdite, surtout pour deux petits monstres comme vous.

- Tonton Tsura ! Protesta le garçon. On est pas des monstres !!!

- On s’ennuyait à la maison, alors on est sorti, ajouta la fille plus calmement.

- Je ne veux rien savoir, répondit Tsura. C’est votre père qui va être content de vous savoir ici, alors que vous devriez être chez vous avec la baby-sitter.

- Papa est rentré ?? Firent les deux petits en chœur.

- Oui, mais il est occupé pour le moment, alors rentrez à la maison, ordonna l’ANBU.

Entre temps, le reste du « cortège » les avaient rattrapés. La plupart hésitait entre amusement et exaspération. Mais personne n’était réellement surpris de voir ces deux là ici. Quant à Sasuke, il avait finalement pu apercevoir la source de toute cette agitation. Il s’agissait de deux enfants qui ne devaient pas avoir plus de 5 ou 6 ans. Le garçon avait des cheveux ébouriffés d’un noir de geai et des yeux aussi bleus que l’azur. Il portait des vêtements bleu marine. La petite, elle, si elle avait les mêmes yeux que son frère, avait au contraire des cheveux raides aussi blonds que les blés, retenus en petite queue de cheval. Elle portait un joli kimono bleu ciel et sur sa ceinture jaune pâle se trouvait imprimé un artistique petit tourbillon, qui rappelait quelque chose à Sasuke. Mais ce ne fut pas ces raisons qui le firent s’immobiliser, tout en fixant de manière insistante les deux enfants. Enfants qui, se sentant observés, tournèrent leur regard vers lui, avant de se figer.

- Tonton Sasuke ? fit le garçon, surpris.

Le temps sembla se suspendre et on aurait cru que les personnes présentes s’étaient changées en statues. Sasuke, lui, se raidit et ce qu’il entraperçut dans le regard méfiant de la fillette attisa le doute et le début de colère qu’il sentait monter en lui, ce qui causa l’activation du sharingan. Les petits reculèrent instinctivement, mais avant que qui que ce soit n’ait pu agir, Sasuke se retrouva propulsé contre un mur, et maintenu contre ce dernier par une poigne de fer autour de sa gorge. Le sharingan rencontra un regard carmin aux pupilles fendues. Le visage de Naruto n’était qu’à quelques centimètres du sien et l’aura glaciale et meurtrière que le blond dégageait décourageait quiconque de faire le moindre mouvement.

- Range-moi immédiatement ce sharingan, grogna presque Naruto entre ses dents. Et laisse-moi mettre les choses au clair. Pose un seul doigt sur eux ou regarde-les simplement de travers de manière à les effrayer et je romprais la dernière promesse que j’ai faite, pour faire de ta vie un enfer avant de te tuer lentement et douloureusement…

- Essaye, pour voir, le défia Sasuke malgré la poigne de fer qui pressait sa gorge.

Ils s’affrontèrent un moment du regard, avant que le sharingan ne disparaisse progressivement. Mais Naruto ne semblait pas pour autant prêt à le lâcher. Les autres allaient intervenir, quand…

- Papa !!

La prise à la gorge de Sasuke se relâcha enfin tandis que le blond, les yeux redevenus bleus, se tournait vers l’appel, recevant dans les bras deux tornades, l’une brune l’autre blonde.

- Que faites vous là, bande de petits démons ? demanda Naruto Vous devriez être à la maison, sous la surveillance de votre baby-sitter, qui plus est…

- On s’ennuyait, répéta le garçon.

- Et on voulait te voir, ajouta la petite.

- Désolé, j’ai eu beaucoup de travail. Et j’en ai encore pour un moment, répondit Naruto. Je vous rejoindrai dès que possible, promis.

Les deux enfants toujours dans les bras, il se tourna vers Kakashi.

- Kakashi-sensei, pourriez vous ramenez Ryuusuke et Akari à la maison et vous occuper d’eux un moment, le temps que je trouve une baby-sitter plus compétente ? demanda-t-il. Et profitez pour regarder ce que ces deux petits monstres ont fait de leur nounou actuelle.

Kakashi acquiesça d’un signe de tête. Après tout, il était le seul des personnes présentes à n’avoir rien à faire dans l’heure. Les deux petits, eux, fixaient Naruto.

- Papa, pourquoi tu es triste ? demanda soudain la petite Akari.

Naruto se figea l’espace d’un instant, avant de répondre, un petit sourire aux lèvres.

- Qu’est-ce que tu racontes, mon ange ? Je ne suis pas triste.

- Si tu l’es, insista Ryuusuke. On le voit bien, nous. C’est à cause de tonton Sasuke ?

Le sourire de Naruto disparut. Pour la première fois depuis longtemps, il ne savait pas quoi dire. Et puis, ce n’était pas le bon moment pour leur annoncer… Heureusement pour lui, Kakashi intervint.

- Allez les terreurs, votre père a du travail, vous verrez tout ça avec lui plus tard, fit-il en récupérant les deux enfants. Venez avec moi. Et si vous êtes sages, tonton Kakashi vous lira une jolie histoire.

- Kakashi-sensei, ne faites que sortir votre bouquin pervers en présence d’Akari et Ryuusuke, et non content de vous envoyer à l’hôpital pour un long, très long séjour, je me ferais une joie de brûler chacun de vos précieux bouquins, page par page, devant vos yeux, fit Naruto d’une voix légère et avec le sourire, mais dont l’aura menaçante démentait l’authenticité.

Une grosse goutte fit son apparition à l’arrière du crâne de Kakashi, qui savait son ancien élève tout à fait capable de mettre sa menace à exécution. Pauvre de lui, ses anciens étudiants étaient devenus terrifiants, avec l’âge. Naruto lui tendit les enfants, mais ceux-ci refusaient de le lâcher.

- On veut pas partir sans toi !!!! Protesta Ryuusuke, les yeux larmoyants, qui auraient été capable d’émouvoir une pierre.

Malheureusement pour lui, dans des cas importants, Naruto savait résister à ce regard.

- Écoutez, mes petits anges, papa a encore du travail. On reparlera de tout ça à mon retour, d’accord ? En attendant, allez avec Tonton Kakashi. Soyez sages et surveillez-le pour moi, qu’il ne fasse pas trop de bêtises, ok ?

Akari le regarda droit dans les yeux, puis se détacha de son père, prenant la main de son frère et, une fois reposés à terre, le traîna derrière elle, devançant Kakashi.

- A tout à l’heure, papa, fit-elle.

Les personnes présentes regardèrent les deux enfants et le ninja copieur disparaître après avoir passé la porte et tourné à droite. Naruto se tourna ensuite vers Tsura.

- Emmenez-le au bloc 8, ordonna-t-il. Ibiki-san vous y rejoindra dans l’après midi, dès qu’il aura fini sa précédente affaire.

Tsura acquiesça d’un signe de tête, puis se remit en route, suivit par les autres ANBU qui poussèrent Sasuke devant eux, ce dernier adressant un regard quelque peu suspicieux, pour ne pas dire autre chose, à son ancien coéquipier qui ne faisait pourtant pas attention à lui.


Dès que le groupe eut disparu, Naruto s’adossa au mur le plus proche, tout en fermant les yeux. Une question résonnait dans son esprit. Papa, pourquoi tu es triste ? Ah, la perspicacité des enfants… Sakura, qui était restée dans le couloir, observait son ancien coéquipier. En cet instant, il semblait vraiment fatigué, voir même légèrement accablé. A présent qu’il n’y avait plus personne d’autre, Naruto n’avait plus à faire bonne figure, aussi avait-il laissé tomber ce masque froid et indifférent qu’il avait eu tant de mal à maintenir, précédemment. Sakura hésita un moment, puis s’approcha lentement de lui. Beaucoup de choses avaient changé en neuf ans. Leur relation aussi. Leur amitié fraternelle avait bien failli se briser de manière irrémédiable. Ils avaient évité d’en arriver là mais les liens ne s’étaient pas reformés aussi solidement qu’avant. Sakura savait qu’elle était en partie responsable, et elle s’en voulait souvent. Elle n’avait pas été la seule dont la réaction violente avait failli mettre un terme à l’amitié les liant au blond. Mais elle savait que c’était elle qui l’avait le plus blessé, même s’il avait parfaitement compris sa réaction. Naruto avait, après tout, fait ses choix, en toute connaissance de cause. Il s’était attendu à tout cela, même s’il aurait vraiment voulu l’éviter. Mais certaines choses ne pouvaient être évitées… Il avait du assumer les conséquences de ses choix. Ils avaient tous du le faire…

Sakura posa avec prudence sa main sur l’épaule de Naruto.

- Ça va aller ? Demanda-t-elle doucement. Tu as vraiment l’air épuisé…

- Ça ira, Sakura-chan, répondit-il d’une voix lointaine et fatiguée. Bien obligé…

«  Sakura-chan ». Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait plus appelée comme ça. Ce qui prouvait bien que le blond allait mal.

- Je suis désolée, fit-elle doucement.

Elle sentit Naruto se raidir, tandis qu’il rouvrait les yeux et posait sur elle un regard dur, où pouvaient se lire, sous la colère, une pointe de souffrance.

- Ne sois pas hypocrite, Sakura. Tu attendais ce moment depuis longtemps. Alors en souvenir de notre amitié, laisse les mensonges aux autres.

Sa voix était aussi dure que son regard. Sakura sentit sa colère poindre. Elle n’aimait pas qu’on emploie ce ton avec elle. Mais elle se força au calme. Perdre son sang froid n’était pas la meilleure chose à faire. Elle ôta sa main de l’épaule du blond et se recula légèrement, rétablissant une distance de sécurité entre eux.

- Que te voulait le Conseil ? demanda-t-elle, changeant de sujet.

- Régler certains détails concernant la détention et l’interrogatoire de Sasuke, répondit Naruto d’un ton neutre. Ibiki-san mènera l’interrogatoire, comme toujours. Mais comme il est presque sûr qu’il n’obtiendra rien, je prendrais sa place, avant que Sasuke ne vienne à bout de la… « bonne volonté » d’Ibika-san. Tsunade m’a aussi donné la permission, enfin, disons plutôt l’ordre, de prendre une semaine de congés. Elle dit que j’en ai besoin. Comme si je pouvais me le permettre, en ce moment…

Le blond se renfrogna.

- Le Conseil a également ajouté qu’il me convoquerait personnellement bientôt, mais ça, ce n’est ni étonnant ni inhabituel… Ces vieux croûtons sont prévisibles…

Il soupira puis se refaçonna une expression neutre.

- Sakura, tu devrais retourner à l’hôpital, fit-il. Tu dois encore avoir du travail, avant la visite médicale de Sasuke. Pour ma part, je vous rejoindrai dès qu’Ibika-san sera arrivé.

Sakura acquiesça d’un signe de tête et quitta finalement son ancien coéquipier. Naruto la regarda partir, sans bouger, puis se « téléporta » finalement dans son bureau.


                                                                     A suivre...

( 1 ) : Peut se traduire par visage, facette, ou encore masque.